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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Les histoires d’amour ne finissent pas toujours mal, surtout si elles commencent avec un certain souffle de liberté. C’est le message lumineux de Vivre, mourir, renaître, de Gaël Morel, qui revisite le temps du sida en suivant ses personnages sur plusieurs années : le film se donne du champ pour mesurer les effets de l’hécatombe, et scruter les possibilités de réinvention pour les survivants quand arrivent les nouveaux traitements – lesquels permettent de vivre avec le virus du VIH et de se projeter.
Ce mélo porté par quelques notes entêtantes au piano assume les codes d’un certain cinéma français, élégant, sculptant la rencontre, ajustant le rythme, élaguant les dialogues au plus juste, quitte à rester un peu trop dans le cadre. Mais le trio d’acteurs (tous magnifiques, et très justes) donne envie de s’intéresser à l’histoire, qui ne se contente pas de rejouer le désir de vivre dans le milieu homo.
On découvre Emma (Lou Lampros) et Sammy (Théo Christine) dans une rave-party, en proche banlieue parisienne au début des années 1990. Ils s’aiment, sortent s’embrasser, acceptent l’irruption d’un garçon qui leur tend un cachet d’ecsta et roule une pelle à chacun. Sur le chemin du retour, Sammy explique à sa copine qu’il a déjà eu des rapports avec des hommes. Les choses sont dites, Emma l’accepte. Ils ont un enfant et s’installent dans un appartement que Sammy retape, en dehors de ses heures de travail – il est conducteur de métro, ce qui donnera lieu à une scène sensuelle dans les tunnels, pas indispensable.
En causant du bruit avec son marteau, Sammy fait connaissance avec le voisin du dessous, l’élégant Cyril (Victor Belmondo) : photographe, il expose dans une galerie, écume les boîtes de nuit et guette les fins de soirée avec ses jeunes éphèbes figés dans la mousse. Le scénario ne fait pas trop de doute quant à l’attraction réciproque entre les deux hommes. Cyril est déjà dans l’after, il vit avec le VIH, se protège avec des préservatifs. Et en un clin d’œil appuyé, Gaël Morel renvoie explicitement à Mauvais sang (1986), de Leos Carax, lors d’une scène épique où Sammy et Cyril, pleins de désir, courent dans la rue à la recherche d’un distributeur de capotes sur Modern Love, de Bowie.
C’est tellement gros et assumé que ça marche : chaque cinéaste rêve sans doute de fabriquer des images uniques, mais est-il interdit de reprendre une idée géniale pour tenter d’en faire autre chose ? On pourrait dire, en citant un tube eighties, que Gaël Morel « fait, fait, fait c’qui lui plaît, plaît, plaît », du tandem Chagrin d’amour, sorti en 1981 ; de même, le titre du film ainsi que le scénario font d’une certaine manière écho à Plaire, aimer et courir vite (2018), le film de Christophe Honoré.
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