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« Le chalutage et l’exploitation minière des grands fonds marins représentent le contraire de ce dont l’océan a besoin »

A moins d’un an de la Conférence des Nations unies sur l’océan, qui se déroulera en juin 2025 à Nice, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé en juillet 2024, lors d’une réunion à New York, que l’un des panels qui formeront l’ossature de la plénière de la conférence sera consacré à la conservation, la gestion durable et la restauration des écosystèmes marins et côtiers, y compris les écosystèmes d’eau profonde.
Créée en 2017, la conférence sur l’océan est convoquée tous les trois ans pour examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’objectif de développement durable pour l’océan (ODD 14). Connu sous le nom de « Vie aquatique », l’ODD 14 engage à conserver et à exploiter durablement l’océan, les mers et les ressources marines.
La vie aquatique commence à la surface et se termine dans les abysses, dont la profondeur moyenne est supérieure à 3 500 mètres, voire plus (11 000 mètres dans la fosse des Mariannes, dans le Pacifique Nord). Les écosystèmes des grands fonds comprennent également de nombreux monts sous-marins qui abritent une riche biodiversité marine, y compris de nombreuses espèces uniques et des formes de vie qui nous sont encore peu ou pas du tout connues.
L’exploration scientifique émergente conduit à la découverte de gènes qui peuvent jouer un rôle essentiel dans le développement de produits pharmaceutiques, biotechnologiques et industriels. Par ailleurs, environ 25 % du dioxyde de carbone (CO2) d’origine humaine, qui contribue au changement climatique, est stocké dans les sédiments océaniques, y compris dans les grands fonds.
Notre connaissance de la vie en eaux profondes a progressé ces dernières années, mais aujourd’hui encore, la majeure partie n’a jamais été explorée par des dispositifs d’observation, tels que les véhicules télécommandés [remotely operated underwater vehicle, ou ROV, en anglais] ou des sous-marins, et encore moins par des instruments d’échantillonnage scientifique.
Tout récemment, une équipe de chercheurs a publié dans la revue Nature Geoscience la découverte de la production d’oxygène dans les grands fonds marins visés par l’industrie minière. Alors que l’inventaire de la vie en eaux profondes n’en est qu’à ses débuts, les engins de pêche industrielle chalutent les monts sous-marins et d’autres zones d’eaux profondes pour s’emparer de poissons très prisés dans les restaurants de luxe.
On craint également qu’une nouvelle ère d’extraction humaine en eaux profondes ne s’ouvre si l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), agence onusienne spécialisée qui fait partie du système de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, adopte un code d’exploitation minière. Des intérêts privés font pression pour que le code minier soit adopté dès août 2025 afin de précipiter l’exploitation commerciale des minéraux des grands fonds marins avant que les gouvernements ne puissent formuler un avis fondé sur les connaissances scientifiques émergentes concernant l’importance planétaire des écosystèmes des grands fonds.
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